Écrire à la première personne

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Si vous donnez aux histoires que vous écrivez à la première personne une vraisemblance telle que les gens finissent par y croire, le lecteur pensera presque forcément qu’elles vous sont effectivement arrivées. Ce qui est tout à fait naturel puisque, au moment où vous les inventez, il faut bien que vous donniez l’impression qu’elles sont arrivées à celui qui les raconte. Si votre entreprise est réussie, vous amenez celui qui les lit à croire que ces choses-là lui sont également arrivées à lui. Le but que vous vous êtes assigné est atteint, ou peu s’en faut : créer quelque chose susceptible d’imprégner l’expérience et la mémoire de votre lecteur. Il y aura forcément des éléments qui lui auront échappé à la lecture de l’histoire ou du roman, mais qui, à son insu, vont informer sa mémoire et son expérience pour devenir partie intégrante de son existence. La tâche est cependant loin d’être facile.

Ce qu’il est, sinon facile, du moins toujours Possible de faire, pour ceux qui appartiennent à l’école des détectives privés de la critique littéraire, c’est de prouver que l’écrivain qui écrit ses récits à la première personne n’a matériellement pas pu faire tout ce qu’accomplit son narrateur, voir n’en a rien fait du tout. Quelle importance ? Qu’est ce que cela prouve, sinon que l’écrivain n’est dénué ni d’imagination ni d’inventivité, j’avoue ne l’avoir jamais compris.

Ernest Hemingway – Paris est une fête – folio – p 267, 268

C’est peut être tout simplement la jalousie de la poule qui voit un albatros voler ?

Devenir romancier

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«Or je n’avais pas encore écrit de roman. Depuis que j’avais commencé à démanteler mon style antérieur et à fuir toute facilité et à essayer de faire agir mes personnages au lieu de les décrire, écrire m’était devenu merveilleux mais très difficile et je ne voyais pas comment je pourrais jamais écrire un texte aussi long qu’un roman. Il me fallait parfois toute une matinée pour écrire un seul paragraphe.»

Ernest Hemingway – Paris est une fête – Folio – p 201

Castratrice

Ou comment des propos délibérément dévastateurs font mouche

Scott Fitzgerald se confie à Ernest Hemingway – Paris est une fête – Folio – p243, 244

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Finalement, alors que nous mangions la tarte aux cerises, et buvions une dernière carafe de vin, il dit:« Tu sais que je n’ai jamais couché avec personne d’autre que Zelda.

– Je ne savais pas.

– Je croyais te l’avoir dit.

– Non. Tu m’as dit des tas de choses, mais pas ça.

– C’est à ce propos que je dois te poser une question.

– Bon. Vas-y. Continuer la lecture de Castratrice

Evan Shipman

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« Il nous faut plus de mystère authentiques dans nos vies, Hem, dit il un jour. Ce qui manque le plus à notre époque, c’est un écrivain sans ambition et un poème inédit vraiment important. Mais bien sûre, il faut vivre. »

Je n’ai jamais vu aucun écrit concernant Evan Shipman, ce quartier de Paris ou ses poèmes non publiés, et c’est pourquoi je pense qu’il est capital de l’inclure dans cet ouvrage.

Ernest Hemingway – Paris est une fête – Folio – p 173, 174 Continuer la lecture de Evan Shipman

Ou comment garder le fil de son inspiration

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« Quand j’écrivais quelque chose, j’avais besoin de lire après avoir posé la plume. Si vous continuez à penser à ce que vous écrivez, en dehors des heures de travail, vous perdez le fil et vous ne pouvez le ressaisir le lendemain. Continuer la lecture de Ou comment garder le fil de son inspiration

Les huitres

« Pendant que je mangeais mes huîtres au fort goût de marée, avec une légère saveur métallique que le vin blanc frais emportait, ne laissant que l’odeur de la mer et une savoureuse sensation sur la langue et pendant que je buvais le liquide frais de chaque coquille et savourais ensuite le goût vif du vin, je cessais de me sentir vidé et commençait à être heureux et à dresser des plans. »

Ernest Hemingway – Paris est une fête – Folio – p 46

« J’entamai ma seconde douzaine d’huîtres plates, servies sur un lit de glace pilée, dans un plat en argent et observai les bords bruns et incroyablement délicats réagir et se crisper en recevant, goutte à goutte, le jus du citron que je pressais au dessus de la coquille, ou quand je tranchais le pédoncule, avant de porter la chair à ma bouche où je la mastiquais consciencieusement. »

Ernest Hemingway – Paris est une fête – Folio – p 154

Ou comment se mettre en appétit en lisant autre chose qu’un livre de recettes.