Mariages, ces tristes fêtes

C’est en rédigeant une réponse au billet de Suzanne je hais les mariages que l’idée m’est venue de faire le mien sur ce sujet.

Les mariages ne sont pas ma madeleine de Proust.

Je me souviens de cérémonies trop longues, de sermons médiocres, de sorties d’église sous le soleil de juin, de mariés effrayés, éblouis, recevant des rafales de riz sec cinglant leur visage au sourire contraint. Je me souviens de mères en larmes, de femmes à grand chapeau et de leur robe aux couleurs vives. Je me souviens d’hommes qui pissent  le long du mur du presbytère et d’enfants accroupis dans le caniveau entre deux voitures sous le regard inquiet de leur mère. Je me souvient de voitures décorées comme des poupées Barbie, et que l’on fait klaxonner sans retenue dans les ruelles silencieuses d’un après midi tranquille.  Je me souviens d’interminables séances photos dans le parc du château, et du photographe patenté, dégoulinant de sueur, payé pour fabriquer des souvenirs heureux qui finiront dans un sous-verre, sur une commode, entre un cadeau de fête des mères et un bouquet de fleurs séchées.

Je me souviens d’interminables repas bruyants, dans des salles immenses, où les deux clans s’évitent poliment et sans chaleur. Je me souviens du cousin rigolo qui s’improvise ambianceur avec des blagues à deux balles et des jeux ridicules. Je me souviens de la Paloma interprétée à capela par une vieille tante à moustache et de la pièce montée au caramel collant. Je me souvient de la sono poussée à fond, de la danse des canards,  de la chenille qui redémarre, de la viande saoule et du vomi dans les toilettes. Je me souviens de la jarretière de cette pauvre mariée transformée en gogo-danseuse sous le regard d’hommes éméchés. Je me souviens de couples qui s’engueulent, d’histoires de familles qui ressortent, du cousin de treize ans qui roule une pelle à sa cousine de dix, et de gosses endormis sur les coussins. Je me souviens des plus vieux, assoupis sur leur chaise, et des femmes qui commencent à débarrasser. Je me souviens de courtes nuits et de sommeil nerveux. Je me souviens du lendemain, du réveil des mariés, de la soupe à l’oignon, et du déjeuner avec les restes de la veille.

 

 

3 réflexions au sujet de “Mariages, ces tristes fêtes”

  1. Magnifique instantané. Vous avez « figé » avec des mots ce que nulle photographie n’aurait su mieux le faire. Et c’est un ex photographe de mariage qui vous le dit. Ex car cela me « gonflait » trop.

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