La pâte brisée de ma mère …

Elle l’étalait très finement, en tapissait le moule rond , saupoudrait de poudre d’amande et disposait des  tranches de pomme finement découpées en les tassant les unes contre les autres, avant d’enfourner. Un régal ! Que de souvenirs d’enfance sont imprégnés de cette odeur de tarte au pomme, tiède, moelleuse, à pâte fine.

Elle a maintenant 87 ans, et ne cuisine presque plus.

Ce que j’adore détester 

detester-les-chatsUne de mes tantes qui va sur ses 91 ans, vit seule, conduit sa voiture, et passe son temps dans la détestation des autres. Elle est loin d’être la seule. Qui n’a pas dans son entourage une  » tatie Danièle », dont on peut dire avec une pointe de complaisance irritée « si elle râle, c’est que tout ne va pas si mal »?  Je dis « elle » car les femmes vivant plus longtemps que les hommes, ce sont elles qui se retrouvent habituellement dans la situation d’affronter seules les derniers kilomètres. Quand les forces déclinent il y aurait peut être là une possibilité pour chacun d’entre nous d’augmenter son espérance de vie par la pratique régulière de l’aversion. Je vous propose donc, en cette fin d’année,  pour muscler votre capacité à l’abomination, quelques exercices non exhaustifs de détestation compulsive positive.

Attention toutefois, avant de commencer prenez soin de rester à distance de votre objet, car si vous vous approchez un peu trop des gens, votre détestation pourrait s’émousser. Vous risqueriez de les comprendre, de leur trouver des excuses, de vous attendrir ,et finalement, de les honnir un peu moins. Alors un bon conseil, pour pratiquer la détestation compulsive positive, il faut surtout ne pas chercher à les connaître mieux.

Je vous propose donc de détester, ou non (chacun est libre de ses antipathies) : ceux qui collent leur chewing-gum sous les tables, ceux qui jettent leur canette de soda vide n’importe où, ceux qui gardent leurs lunettes de soleil à l’intérieur, ou ceux qui les portent sur le front quand ils n’en ont plus besoin, ceux qui ont des auréoles sous les bras, ceux qui ont mauvaise haleine, ceux qui traversent en dehors des clous, ceux qui resquillent dans les files d’attente, ceux qui ont un chien en appartement et qui s’absentent toute la journée, ceux qui le promènent sans laisse, ou qui ne ramassent pas leurs déjections, ceux dont le pantalon à taille basse laisse voir le début de la raie des fesse, ceux qui ne lacent pas leurs chaussures, ceux qui montent le volume de leur poste à fond en voiture, ceux qui déboulent en quad pendant que je me promène en forêt, ceux dont la poignée de main est molle et moite, ceux qui parlent en mâchant du chewing-gum, ceux qui rajoutent du ketchup partout, ceux qui salent avant d’avoir goûté, ceux qui font du bruit en mangeant, ceux qui parlent fort au téléphone dans les transports en commun, ceux qui baillent aux corneilles en public, ceux qui mettent de l’eau dans leur vin (sens propre), ceux qui portent un postiche trop visible, et ceux qui ramènent leurs cheveux vers l’avant pour masquer leur calvitie, ceux qui font du bruit en mangeant, ceux qui se présentent à la caisse juste avant moi avec un article mal étiqueté, ceux qui font des queues de poisson, ou qui klaxonnent pour montrer leur impatience, ceux qui oublient de mettre leur clignotant, ceux qui disent que « tout fout le camps », « faut pas vieillir », ceux qui votent contre…, ceux qui ne sont « pas pour », ceux qui répètent à l’envie « au final », « c’est clair », et « pas de soucis », et aussi les botoxés, les tatoués, les piercés, ceux qui chantent « libérée délivrée » même juste,  ceux qui portent des draides crasseux, ceux qui font craquer leur doigts, et enfin ceux qui jonglent avec les éléments de langage politiquement correctes, et qui sont de vraies vermines rampantes.

Enfin et surtout, j’adore détester ceux qui disent du mal des autres.

Joyeux Noël

 

Mariages, ces tristes fêtes

C’est en rédigeant une réponse au billet de Suzanne je hais les mariages que l’idée m’est venue de faire le mien sur ce sujet.

Les mariages ne sont pas ma madeleine de Proust.

Je me souviens de cérémonies trop longues, de sermons médiocres, de sorties d’église sous le soleil de juin, de mariés effrayés, éblouis, recevant des rafales de riz sec cinglant leur visage au sourire contraint. Je me souviens de mères en larmes, de femmes à grand chapeau et de leur robe aux couleurs vives. Je me souviens d’hommes qui pissent  le long du mur du presbytère et d’enfants accroupis dans le caniveau entre deux voitures sous le regard inquiet de leur mère. Je me souvient de voitures décorées comme des poupées Barbie, et que l’on fait klaxonner sans retenue dans les ruelles silencieuses d’un après midi tranquille.  Je me souviens d’interminables séances photos dans le parc du château, et du photographe patenté, dégoulinant de sueur, payé pour fabriquer des souvenirs heureux qui finiront dans un sous-verre, sur une commode, entre un cadeau de fête des mères et un bouquet de fleurs séchées.

Je me souviens d’interminables repas bruyants, dans des salles immenses, où les deux clans s’évitent poliment et sans chaleur. Je me souviens du cousin rigolo qui s’improvise ambianceur avec des blagues à deux balles et des jeux ridicules. Je me souviens de la Paloma interprétée à capela par une vieille tante à moustache et de la pièce montée au caramel collant. Je me souvient de la sono poussée à fond, de la danse des canards,  de la chenille qui redémarre, de la viande saoule et du vomi dans les toilettes. Je me souviens de la jarretière de cette pauvre mariée transformée en gogo-danseuse sous le regard d’hommes éméchés. Je me souviens de couples qui s’engueulent, d’histoires de familles qui ressortent, du cousin de treize ans qui roule une pelle à sa cousine de dix, et de gosses endormis sur les coussins. Je me souviens des plus vieux, assoupis sur leur chaise, et des femmes qui commencent à débarrasser. Je me souviens de courtes nuits et de sommeil nerveux. Je me souviens du lendemain, du réveil des mariés, de la soupe à l’oignon, et du déjeuner avec les restes de la veille.

 

 

Mon blog, cette dictature minuscule

nemoEnfant, lorsque je voulais m’opposer à ma grand-mère, en prétendant décider seul de certains projets, elle répliquait par cette sentence : « Gérard, à six ans, on est le chef de sa soupe, si on arrive avant l’chat! ».

Voici plus de deux mois que je suis installé aux commandes de ce blog, en tentant d’y produire régulièrement des contenus un peu travaillés. Il faut reconnaître que cette position offre des avantages que je n’avais pas soupçonnés en me lançant dans l’aventure.

Le premier et le plus important d’entre eux est celui d’y exercer un pouvoir sans partage, d’être à la fois pilote et aiguilleur du ciel, décidant  du contenu des articles, du rythme de leur production, de la mise en page, et du moment de leur publication. Je peux les corriger, les retravailler, les supprimer, sans avoir à en référer à quiconque.

Lorsque le temps s’y prête je pars en croisière dans la blogosphère et fais des rencontres étonnantes, parfois magnifiques. Il y a de vrais talents sur les blogs, des inventeurs, des créatifs, des poètes, des artistes, des communicants, des généreux plein d’humanité, de doux rêveurs, des utopistes. Il y a aussi des allumés, des ésotériques, des casques à boulons, des cyniques, des phraseurs. J’en oublie certainement. Chacun à bord de son embarcation m’envoie un petit salut lorsque nos routes se croisent. Plus qu’un monde, un univers s’offre à moi. Il m’arrive aussi d’atteindre les abysses et de déposer un commentaire critique sur des articles très polémiques au risque de recevoir des réponses lapidaires, parfois violentes. Même pas mal. Je repars alors, tel Némo à bord du Nautilus, mettant le cap vers d’autres continents, d’autres archipels.

Maître du virtuel je suis, empereur de mon nombril je reste. Un commentaire me déplais, je le supprime. Un intrus, un importun, un opposant pugnace, je l’expulse. Ici, pas de délibération, pas de vote, pas de démocratie.

Mais la solitude des grands fonds n’est pas toujours facile à vivre. On a besoin du regard de l’autre pour faire écho à sa propre existence, et sans évoquer la vanité, cette passion triste, qui impose des comportements peu glorieux, la quette de récompenses peut devenir insistante dans les débuts. Les premiers temps, il m’arrivait de flatter le blogueur, de le caresser dans le sens du poil avec des commentaires élogieux, pas toujours sincères, dans l’espoir d’obtenir en retour un compliment, ou Saint Graal des Saint Graal, un abonnement.

Après quelques semaines de tangage hésitant, je suis parvenu à naviguer en confiance,  profitant à loisir des meilleurs contenus et des centaines d’opportunités de rencontres qui se présentaient. Je commence seulement maintenant à me sentir à l’aise dans ce biotope. A l’affût des articles de mes auteurs favoris, je partage avec eux leurs impressions, leurs commentaires. Inutile de flagorner, de provoquer, de condamner, ou de jouer au plus malin. Il suffit de maintenir son cap dans le respect des autres, en restant curieux, attentif, bienveillant. Il y a encore beaucoup de place dans mon carnet d’adresses. La vie peut être belle sur le web.

La fillonnite

Pas très en forme aujourd’hui, manque d’entrain, idées grises, impression de marcher dans la glu, d’avoir les idées qui collent. Couverais-je une « fillonite » ?

L’institut pasteur serait bien inspiré de trouver un vaccin avant le mois de mai prochain, faute de quoi la maladie pourrait durer 5 ans, en laissant d’importantes séquelles.

L’automne

L’automne

A la rentrée c’était l’automne.
Cartable neuf, chaussures cirées
Petit moineaux petit Daltons.
En rang par deux, fallait y aller.

 
Et blablabla disais l’instit’
Charlemagne et François premier
Le temps vraiment n’ passait pas vite
Jusqu’à l’annonce de la récrée.
 
Un sac de billes, trois carambars
T’es Guillaume Tell et moi Robin
Mais tu me dis si t’en as marre
Et c’est pas grave, t’es mon copain.
 
Sous l’arbre jaune pleuvait des feuilles
T’as vu c’qui tombe? c’est super beau!
Ah ouais dis donc il pleut des feuilles!
et des hélices d’hélicos.
 
Et puis les ombres s’allongeaient
Le vent soufflait un peu plus fort
Les dernières feuilles se décrochaient
On marchait sur un tapis d’or
 
 
A la sortie vers dixsept heures
C’était enfin l’heure des mamans
Pressées de serrer sur leur cœur
Leur petit prince de 6 ans
 
Les petits couples s’en allaient
Main dans la main, enfant et mère
Des deux c’est elle qui savait
Qu’après l’automne viendrait l’hiver