Mariage et renoncement

10333851lpw-10334521-sommaire-philip-roth-jpg_4563496Non, les hommes ne savent rien, ou bien affectent de ne rien savoir, des aspects pénibles, voir tragiques, de ce qui les attend. Au mieux, ils se disent, stoïques : oui, je comprends que tôt ou tard il va me falloir renoncer au sexe dans mon couple, mais c’est pour connaître des plaisirs différents, supérieurs. Tout de même, est-ce qu’ils saisissent l’ampleur de leur renoncement ? Quand on vit chaste, sans sexe, comment supporter les défaites, les compromis, les frustrations de l’existence ? En faisant des enfants ? Ça aide, mais c’est loin de valoir la Chose. Parce que la chose a élu domicile dans ton être physique, dans la chair qui naît, la chair qui meurt. Parce que c’est seulement quand tu baises que tu prends ta revanche, ne serait-ce qu’un instant, sur tout ce que tu déteste et qui te tient en échec dans la vie. C’est là que tu es le plus purement vivant, le plus purement toi-même. Ce n’est pas le sexe qui corrompt l’homme, c’est tout le reste. Le sexe ne se borne pas à  une friction, à un plaisir épidermique. C’est aussi une revanche sur la mort. Ne l’oublie pas, la mort. Ne l’oublie jamais.

Philippe Roth : La bête qui meurt – Folio – p 101-102

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