Une de mes tantes qui va sur ses 91 ans, vit seule, conduit sa voiture, et passe son temps dans la détestation des autres. Elle est loin d’être la seule. Qui n’a pas dans son entourage une » tatie Danièle », dont on peut dire avec une pointe de complaisance irritée « si elle râle, c’est que tout ne va pas si mal »? Je dis « elle » car les femmes vivant plus longtemps que les hommes, ce sont elles qui se retrouvent habituellement dans la situation d’affronter seules les derniers kilomètres. Quand les forces déclinent il y aurait peut être là une possibilité pour chacun d’entre nous d’augmenter son espérance de vie par la pratique régulière de l’aversion. Je vous propose donc, en cette fin d’année, pour muscler votre capacité à l’abomination, quelques exercices non exhaustifs de détestation compulsive positive.
Attention toutefois, avant de commencer prenez soin de rester à distance de votre objet, car si vous vous approchez un peu trop des gens, votre détestation pourrait s’émousser. Vous risqueriez de les comprendre, de leur trouver des excuses, de vous attendrir ,et finalement, de les honnir un peu moins. Alors un bon conseil, pour pratiquer la détestation compulsive positive, il faut surtout ne pas chercher à les connaître mieux.
Je vous propose donc de détester, ou non (chacun est libre de ses antipathies) : ceux qui collent leur chewing-gum sous les tables, ceux qui jettent leur canette de soda vide n’importe où, ceux qui gardent leurs lunettes de soleil à l’intérieur, ou ceux qui les portent sur le front quand ils n’en ont plus besoin, ceux qui ont des auréoles sous les bras, ceux qui ont mauvaise haleine, ceux qui traversent en dehors des clous, ceux qui resquillent dans les files d’attente, ceux qui ont un chien en appartement et qui s’absentent toute la journée, ceux qui le promènent sans laisse, ou qui ne ramassent pas leurs déjections, ceux dont le pantalon à taille basse laisse voir le début de la raie des fesse, ceux qui ne lacent pas leurs chaussures, ceux qui montent le volume de leur poste à fond en voiture, ceux qui déboulent en quad pendant que je me promène en forêt, ceux dont la poignée de main est molle et moite, ceux qui parlent en mâchant du chewing-gum, ceux qui rajoutent du ketchup partout, ceux qui salent avant d’avoir goûté, ceux qui font du bruit en mangeant, ceux qui parlent fort au téléphone dans les transports en commun, ceux qui baillent aux corneilles en public, ceux qui mettent de l’eau dans leur vin (sens propre), ceux qui portent un postiche trop visible, et ceux qui ramènent leurs cheveux vers l’avant pour masquer leur calvitie, ceux qui font du bruit en mangeant, ceux qui se présentent à la caisse juste avant moi avec un article mal étiqueté, ceux qui font des queues de poisson, ou qui klaxonnent pour montrer leur impatience, ceux qui oublient de mettre leur clignotant, ceux qui disent que « tout fout le camps », « faut pas vieillir », ceux qui votent contre…, ceux qui ne sont « pas pour », ceux qui répètent à l’envie « au final », « c’est clair », et « pas de soucis », et aussi les botoxés, les tatoués, les piercés, ceux qui chantent « libérée délivrée » même juste, ceux qui portent des draides crasseux, ceux qui font craquer leur doigts, et enfin ceux qui jonglent avec les éléments de langage politiquement correctes, et qui sont de vraies vermines rampantes.
Enfin et surtout, j’adore détester ceux qui disent du mal des autres.
Joyeux Noël
Et moi, j’ai adoré que tu détestes !
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